CONGRES SULISOM 2019 Mort traumatique, deuil traumatique

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CONGRES SULISOM 2019 Mort traumatique, deuil traumatique

Moins de guerres, plus d’attentats…

Une longévité augmentée mais plus de catastrophes…

Le 21e siècle nous introduit à une mort différente. Du moins les médias soulignent-elles combien la mort n’est plus naturelle mais violente et choquante.

Pourtant, la plupart des occidentaux meurent dans leur lit. Mais cette mort en Ehpad ou à l’hôpital, allégée par des antidouleurs ou des anxiolytiques, préparée par des directives anticipées, entourée par des professionnels, est-elle plus « vivable » que la mort d’il y a à peine cinquante ans ?

Cette mort banale n’est pas spectaculaire, pourtant elle concerne les très grands vieux occidentaux dans un silence assourdissant. La mort médicalisée en France, qui promet des soins palliatifs alors qu’elle ne peut les offrir qu’à 10% de la population, est pourtant une amélioration notable pour ceux qui atteignent la fin de leur vie autant que pour leurs proches.

La médecine actuelle se penche sur la prévention de certaines pathologies génétiques et cherche à l’annoncer sans dommage, mais la médecine peut-elle vraiment prendre « en soin » la mort ? Est-ce souhaitable ? Par ailleurs, médecins et soignants le souhaitent-ils ? Le deuil est aujourd’hui bien connu comme processus, mais peut-on le soigner ? Le prescrire ? L’anticiper ?

Bien plus stimulante pour les réseaux sociaux se trouve la mort-catastrophe. Celle, issue du déni des effets de l’anthropocène sur le climat et qui contemple jour après jour la disparition des espèces végétales et animales. La toute-puissance proclamée par certains hommes ne vient-elle pas soutenir leur désir narcissique de laisser une trace, même délétère pour la planète ? Ce nouveau déni de la mort (que Philippe Ariès constatait dans les sociétés modernes) n’annonce-t-il pas le transhumanisme qui tente d’augmenter l’homme et de l’extraire de sa condition animale ? Les philosophes et les sociologues nous permettront de nous garder de ces fantasmes ou de trouver les moyens de conserver notre communauté d’espèce malgré les machines. 

Enfin, depuis 2001, toutes les sociétés sont soumises au feu désordonné, mais toutefois « efficace » en termes de communication, des terrorismes en tous genres. Quelle est la visée politique de ces morts traumatiques ? Les deuils traumatiques et post-traumatiques qu’elles entraînent ont-elles la vocation politique de nous conduire à une guerre de retaliation sans fin ?

Quels sont les moyens de soutenir les endeuillés sur le plan individuel, groupal et sociétal ? Des expériences internationales et nationales nous permettront de comparer les moyens mis en place. Psychologues, psychanalystes pourront évaluer l’intérêt de penser la mort pas seulement comme fin de l’être mais aussi comme interruption d’une relation et intégration des limitations de la vie.

La Thanatologie, ou les Études sur la mort et le mourir, existent depuis les années soixante-dix en France. Dans le monde anglo-saxon, le champ des DeathStudies est également largement ouvert. C’est ici que notre colloque aboutit au développement d’une interdiscipline centrée sur l’issue la plus certaine de la vie, celle de la mort.

Marie-Frédérique BACQUÉ, directrice de SuLiSoM-EA3071, Université de Strasbourg.

Les 8 et 9 novembre à la faculté de Psychologie de l’Université de Strasbourg,
plus d’infos : https://mort-deuil-traumatique.fr/